Le bizutage, c’est mal ?
La saison des WEI s’est conclue dans la joie et l’allégresse à quelques décès près et il est désormais temps d’agrémenter nos archives sur un point essentiel de la vie étudiante : le bizutage. Dans cette optique, nous vous avons récemment demandé votre avis sur la question de manière à savoir quelle est la mentalité à ce propos.
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Scène d'intégration typique de notre terroir, issue d'un film American Pie |
Pour
commencer, présentons les chiffres qui nous intéressent guère :
parité exacte entre hommes et femmes parmi les réponses, des âges
compris de 17 à 30 avec un bon pic autour de 21 ans et dominance des
filières de droit – éco G dans les réponses suivies de très
près par les filières de santé. OK, et après ? Nous avons
mélangé 3 séries de questions à base d’expérience personnelle,
d’avis et de culture (sans prétention, hein?).
Quel est votre vécu par rapport au bizutage ?
Premièrement,
pour ce qui est de l’expérience, les chiffres sont simples :
une petite moitié des sondés ont répondu avoir déjà été témoin
de bizutage, un tiers a déjà fait l’objet de bizutage et, enfin,
un quart a déjà bizuté quelqu’un. Sans surprise, ce sont les
étudiants de médecine, pharma et droit – éco G qui ont été le
plus témoin de bizutage et qui en ont fait l’objet et ce dans les
mêmes proportions, cependant les étudiants de droit – éco G ont
bien moins pratiqué le bizutage alors que les filières de médecine
et pharma restent constante à ce sujet (le bizutage, ça se
transmet). On notera quand-même la participation dans ce groupe
d’étudiants isolés en SHS, maths-info et psychologie.
Contrainte, motivation, incitation : c’est la même ?
Deuxièmement,
nous avons voulu savoir ce que vous pensiez de différentes
propositions : pouvaient-elles être du bizutage ou non ?
En réalité, ces questions servaient à étudier l’impact des
termes sur la perception car, globalement les 3 questions
réutilisaient les mêmes idées de fond mais en parlant
alternativement d’incitation, de motivation et de contrainte et en
usant de mots plus ou moins vagues. Constat ? Sans surprise
encore la contrainte et largement associée au bizutage. Mais ce à
quoi on ne s’attendait pas concerne les mots inciter et motiver. Il
semble en fait que la motivation à faire quelque chose soit plus
associée au bizutage que l’incitation (que nous trouvions pourtant
plus forte dans l’idée). Et les résultats sont sans appel :
alors qu’il y a un écart de 10 % entre les réponses
concernant la motivation et la contrainte, il peut y avoir des écarts
allant jusqu’à 40 % concernant l’incitation et la
motivation !
A titre d'exemple, nous demandions si la motivation consommer de l'alcool, l'incitation à subir une modification corporelle ou la contrainte à un acte sexuel pouvaient être considérées comme du bizutage.
A titre d'exemple, nous demandions si la motivation consommer de l'alcool, l'incitation à subir une modification corporelle ou la contrainte à un acte sexuel pouvaient être considérées comme du bizutage.
Acceptation du bizutage
Enfin,
tout cela ne nous disait pas si le bizutage est perçu en mal ou non.
En effet, si telle ou telle pratique plus ou moins barbare est
considérée comme du bizutage, ça ne signifie pas qu’elle est
mise en pratique par ses adeptes !
Premièrement,
pratiquement tous les sondés ont répondu que le bizutage est
illégal. C’est très juste puisque la
loi du 18 juin 1998 définit
le délit de
bizutage comme « le
fait pour une personne d’amener autrui, contre son gré ou non, à
subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de
manifestations ou de réunions liées aux milieux scolaire et
socio-éducatif ».
Malgré tout, un sondé sur
quatre est pour le bizutage et seulement un tiers se dit prêt à
dénoncer un acte de bizutage de manière absolue alors que la moitié
se dit prête à le faire selon la gravité.
L’interdiction
du bizutage est donc bien connue, pourtant elle reste un phénomène
social largement accepté. De fait, le bizutage fait partie de la
tradition étudiante et les actes graves restent isolés. Même s’il
faut rappeler que le consentement n’enlève rien à l’illégalité
de la chose, il faut quand-même en déduire que c’est un frein
certain à la répression.
Des regrets ?
Oui,
déjà on aurait dû demander qui était dans une association
étudiante, même si on pense que ça représente la majorité des
sondés. Ensuite, nous n’avons pas été assez explicite : il
existe bien deux types de bizutage. Il y a celui des média et des
films, celui qu’on dénonce, celui qui fait des victimes et puis il
y a le bizutage soft, les blagues qui flirtent
de très près avec la limite du harcèlement moral, sexuel ou
physique mais qui ne la franchissent pas. Malheureusement, cette
distinction n’existe pas pour la loi qui,
ne l’oublions
pas, a été portée par la même personne qui
fustigeait les mangas pour leur violence et où les femmes étaient
torturées…
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