Exposition Hergé au Grand Palais jusqu’au 15 janvier 2017
Georges Remi, dit Hergé
est celui qu’on considère comme « le père de bande dessinée européenne. »
Il a repris brillamment le style américain de la bande dessinée à bulles. Plus
de simples dessins enfantins, chacun trouve son compte dans Tintin. De la
richesse de l’actualité (maintenant historique) à l’humour fin des aventures du
plus célèbre des reporters, on comprend le slogan « de sept à
soixante-dix-sept ans » de Casterman. Hergé est aujourd’hui considéré
comme l’un des plus grands artistes contemporains et a vendu presque 250
millions d’albums, traduits dans une centaine de langues. La CommonWave ne
pouvait rater une telle exposition !
Pourquoi choisir entre le visuel et l’écrit ? C’est bien
la question de Hergé, qui s’est essayé aux deux, mais a brillé par le mélange
des deux : la bande dessinée. Les émoticônes n’ont rien inventé ; il
suffit de se pencher sur une planche aux multiples dessins figuratifs d’émotions
(les étoiles pour les Dupondt qui tombent sans cesse, la sueur de Milou qui
court après son maitre enlevé, ou les crachats qui accompagnent les insultes
savantes du Capitaine Haddock). Il est d’ailleurs amusant de remarquer qu’on
comprend parfaitement les planches avant que les bulles ne soient remplies par
les dialogues, comme si, un peu à la façon du cinéma muet, l’image suffisait.
Hergé avait la particularité d’être un artiste-collectionneur,
reconnaissant ici le génie des autres et disant, humblement, concernant le sien
qu’il « n’aurait rien pu faire d’autres. » Il consacre effectivement
à Tintin toute sa vie, toute son énergie. Un travail inspiré, mais qui reste un
travail de longue haleine… Un pourcent d’inspiration pour quatre-vingt-dix-neuf
de transpiration !
Pédagogue comme tout bon conteur, un entretien conservé par l’INA
le montre en train d’expliquer comment se construit une bande dessinée. Il
explique que pour lui, l’esthétique et le récit ne font qu’un : une
synthèse naturelle (pour lui) de deux mondes qu’il rapproche.
Tintin restera son
monde, ses personnages : il ne
s’en dit pas maître, car il a été dépassé par Tintin et les interprétations qu’on
a pu en faire, mais il n’empêche que seul lui peut faire du Tintin.
Quand on lui demande de faire des personnages auxquels le
jeune public s’identifie plus (avec des parents, une école, pas comme Tintin
qui semble être intemporel), il publie Jo,
Zette et Jocko dont le succès restera moins fort que celui de Tintin, et
Hergé ne sera pas autant attaché aux personnages. En lui demandant de faire du
plus réaliste, les éditeurs de journaux l’ont poussé à faire du moins
universel. Tintin touche les enfants, les femmes, les hommes, les personnages âgées
(bien au-delà de soixante-dix-sept ans maintenant !)
Courrez à cette exposition, et si vous n’en avez pas assez,
rendez-vous au Château de Chenonceau, qui a, juste à côté du chenil avec les
chiens de chasse, un musée sur l’Univers extraordinaire de Tintin car on a
toujours quelque chose à apprendre des personnages : des insultes de
Haddock à la sagesse de Tintin, en passant par les inventions de Tournesol ou
aux dilemmes moraux de Milou.
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